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Saveurs syriennes
léa thomas
Mar 15, 2021
Une restauratrice d’origine syrienne promeut à Bordeaux la cuisine de son pays tout en œuvrant à l’intégration par la voie professionnelle, de personnes réfugiées.
C'est au 73, cours Victor Hugo que Dima Chaban et son équipe exclusivement féminine s'affairent pour cuisiner les saveurs de leur pays, la Syrie. La Cour de Nana, restaurant ouvert en novembre 2019, a su rapidement se faire une place dans le paysage gastronomique bordelais en proposant une cuisine dépaysante et délicieuse dans un cadre chaleureux, alliant traditions et convivialité.
L'importance des origines
Syrienne d’origine, Dima est née en Jordanie. Issus d'un milieu intellectuel, ses parents et grands-parents s'y étaient alors réfugiés après avoir fui à l'époque la Syrie d'Hafez al Assad, père de l'actuel président. Arrivée en France à l'âge de 9 mois, elle grandi dans la culture de ses origines avec la langue arabe parlée à la maison, ce qui lui permet de conserver un lien proche avec la Syrie. Au début du conflit syrien en 2011, la famille Chaban souhaite apporter sa pierre à l'édifice de la révolte populaire réprimée par le gouvernement. Dima traduit alors des vidéos réalisées par des contestataires en Syrie, afin de faire connaître en France, la situation de son peuple. Son père, médecin, s'engage alors dans plusieurs pays frontaliers à la Syrie, afin de former des praticiens qui interviennent à leur tour auprès des victimes du conflit.
Après des études de communication et marketing, Dima part pendant un an en Égypte auprès d'une ONG qui apporte une aide aux réfugiés syriens. Cette expérience va changer le cours de sa vie. À son retour, elle entame des études dans une école de commerce, mais ce cursus l’éloigne des valeurs humaines qu'elle souhaite promouvoir. Elle choisit alors de s'engager dans un projet utile à ses yeux, en lien avec la Syrie et sa culture qu'elle affectionne.
Des projets tournés vers l'humain
C’est finalement un café-restaurant qui voit le jour, composé d'une équipe de femmes d'origine syrienne et ayant le statut de réfugiées. Le pari de Dima est alors gagné, faire de La Cour de Nana un lieu solidaire et engagé qui met en valeur l'intégration par la voie professionnelle : "Mon projet était aussi de pouvoir donner un tremplin à des femmes originaires de Syrie, pour qui il est difficile de trouver du travail en France".
Très récemment Dima et son équipe ont préparé pendant plusieurs semaines en collaboration avec le SAEMNA* de Gironde, des repas pour les mineurs non-accompagnés logés provisoirement dans un hôtel bordelais. L'expérience est valorisante et riche en échanges humains et culturels.
D'autres actions d'utilité sont à venir, comme l'organisation d'activités culturelles autour de la musique et de la cuisine mais aussi des interventions de personnes réfugiées qui peuvent alors évoquer leur parcours.
La Cour de Nana est avec le parcours riche et singulier de sa fondatrice, un bel exemple d'entreprise d'insertion.
*(Service d'accueil et d'évaluation des mineurs non-accompagnés
Pendant les restrictions sanitaires, La cour de Nana s'est adapté pour continuer à régaler les bordelais. Les délicieux brunchs syriens sont à venir découvrir et à emporter les samedis et dimanches.
Réservations sur : Instagram et Facebook : La Cour de Nana.