MOTHER
UNTIL
BIRTH
Ecrit par Victoire Chevreul
Photographies de Kamila Stepien
Destination phare de la GPA en Europe en raison de ses prix low-cost (40-60 000 euros contre 110 000 aux USA), l’Ukraine est devenue le dernier recours pour fonder une famille pour de nombreux étrangers, notamment les Français.
Des cliniques les plus huppées aux médecins les moins scrupuleux, les mères porteuses ne sont pas toutes traitées et payées de la même manière (8000 à 20 000 euros) et les liens entre ces loueuses de ventres et les parents d’intention en sont les témoins.
Youlia est une mère porteuse de 31 ans qui habite à côté de la Crimée au sud de l’Ukraine. Mère d’un enfant de 3 ans et demi, elle est infirmière sage-femme et son époux est mécanicien. Après avoir fait une première GPA, elle a tellement été heureuse de permettre à une autre femme de devenir mère qu’elle a voulu recommencer.
En mai elle est venue assister à l’échographie prénatale de Ioulia, « c’est irréel, j’étais tellement émue que j’ai envoyé pleins de photos à mon mari qui n’a malheureusement pas pu venir ». De son côté, Ioulia est « rassurée de savoir que les futurs parents sont des gens biens » et a beaucoup discuté avec Marie de leurs vies. Elle a « hâte de voir les yeux pétillants des parents à la naissance ». Mais le lien précieux entre les deux femmes s’interrompra pour des raisons psychologiques après la naissance ces jours-ci.
Yaroslavia par contre, n’a pas eu la même chance que Ioulia. Mère de quatre enfants, à 33 ans, elle vit dans la précarité dans une bourgade de l’est du pays, non loin de la guerre qui divise l’Ukraine.
Sa première GPA il y a deux ans lui a permis d’avoir une salle de bain fonctionnelle et du chauffage dans sa datcha. Elle n’a pas eu la chance d’être en contact régulier avec les parents américains qui ont adopté ses jumeaux. À leur naissance, l’un était malade et « ils ne m’ont presque rien dit j’étais folle d’inquiétude », nous a-t-elle confié quelques jours avant Noël. Depuis elle regarde le blog des parents d’intentions pour voir grandir les jumeaux, « je ne peux pas m’en empêcher », confie-t-elle. Pour tenter d’améliorer sa situation et parce qu’être enceinte lui manque, elle va refaire un GPA l’an prochain, en attendant elle fait des dons d’ovocytes, « un devoir religieux » selon elle, « puisque Dieu m’a rendu très fertile et que d’autres femmes n’ont pas cette chance ».
Enfin nous avons rencontré Olessia et son mari, tous les deux Ukrainiens, dans leur somptueuse maison à l’ouest de Kiev. Entrepreneurs tous les deux, ils ont fondé une marque de chocolats à succès et élèvent des chevaux de courses qu’ils importent en Angleterre.
Pour des raisons de santé, Olessia ne pouvait porter son propre enfant, alors « la GPA était une évidence ». Hors de question pour la future mère d’être en contact direct avec sa mère porteuse, « je voulais tout savoir et m’inquiétais de tout », admet-elle. Alors le couple richissime a trouvé une alternative « pour le bien de tout le monde » : ils ont embauché leur assistante personnelle de leur entreprise pour veiller en permanence sur leur mère porteuse. Une forme de contrôle « pour apporter le plus de bien-être, de soins » à leur gestatrice, qui permettait à Olessia de « s’assurer qu’elle respectait l’alimentation vegan » qu’elle et son époux ont adopté. Sans contact direct sauf par l’intermédiaire de son assistante, l’heureuse mère d’une petite fille de six mois a offert un bracelet en argent à sa gestatrice.
Texte: Victoire Chevreul
Photographe: Kamila Stepien