Beyrouth, 14 novembre 2021
Cinq ans après mon dernier voyage, je retrouve un Liban meurtri par des années de crise politique et économique. La pauvreté et les pénuries de nourriture, médicaments et carburants touchent une grande partie de la population, et les mouvements de protestation qui ont débuté en octobre 2019, réprimés avec violence, se sont essoufflés. Les coupures d’électricité sont récurrentes, l'absence d'éclairage publique plonge Beyrouth dans le noir dès la nuit tombée. J’ai du mal à reconnaître la ville, défigurée par la double explosion du port le 4 août 2020, il suffit de déambuler dans les rues pour comprendre l’ampleur de la catastrophe qui a traumatisé les beyrouthins. Les quartiers à proximité du port ont été soufflés par la déflagration. Vitres brisées, intérieurs détruits, immeubles anciens éventrés, aujourd’hui de nombreux magasins et restaurants sont toujours fermés faute de moyens pour se reconstruire. Après quinze années de guerre civile, les évènements tragiques ont continué de s’abattre sur le Liban, mais l’explosion du port de Beyrouth semble être le point d’orgue du dysfonctionnement d’un état à la merci de politiciens incapables et corrompus. Absence de commémorations officielles par le gouvernement, entrave à l’enquête sur les responsables de l’explosion, les libanais sont bien seuls dans leur malheur. Beyrouth est une ville blessée, pourtant elle continue de vivre grâce à la force de ses habitants entre courage, résignation et résilience.
Le 4 août 2020, la double explosion du port de Beyrouth a tué au moins 216 personnes, plus de 6000 furent blessées et plusieurs milliers sont aujourd’hui sans logement.